Dérives et excès du Design Humain : 10 vérités critiques à garder en tête
Dérives et excès du Design Humain : 10 vérités critiques à garder en tête
Le Design Humain suscite beaucoup d’enthousiasme, et à juste titre : il ouvre des portes passionnantes vers la connaissance de soi. Mais après dix ans d’exploration, j’ai aussi vu ses travers, ses excès et ses dérives. J’en ai moi-même été fautive à une époque, et je continue de me “monitorer” car il est facile de dérailler.
Depuis deux ans, je prends de plus en plus de distance avec le système, et l’année écoulée en particulier a été décisive. Mes transmissions futures seront sûrement de plus en plus “hérétiques” : je sens l’élan d’être une de ces voix sorties de la radicalité, qui alertent et désacralisent. J’ai moi-même traversé ce fameux point 4 — le moment de réalisation que tout passait à travers ce filtre — entre avril et décembre 2024. Je suis encore dans le déconditionnement de ce filtrage quasi systématique. Cet article est un pas dans la direction de mon nouveau positionnement.
Tout outil puissant comporte une part d’ombre. Il me paraît essentiel de partager ce que l’on dit moins souvent. Voici donc 10 écueils du Design Humain, que j’ai observés ou expérimentés, et qu’il vaut mieux avoir en tête pour avancer avec discernement.
1 – Le Design Humain n’est pas une formule magique
On commence fort : le Design Humain n’est pas une solution auto-suffisante. Il ne remplace en aucun cas une thérapie menée par un professionnel compétent, surtout lorsqu’on porte des traumas importants. Ces empreintes influencent nos perceptions, nos réactions et donc la qualité de notre expérimentation.
J’ai même vu, rarement mais cela existe, des personnes abandonner leur métier de thérapeute / psy , convaincues que seul le DH détient la vérité et qu’une thérapie entretient le “non–soi”. Cela me donne VRAIMENT froid dans le dos. Il est IMPOSSIBLE de naviguer correctement le DH si on soufre de traumas. D’autres approches, autres que le DH, peuvent être d’un grand soutien, n’en déplaise aux radicaux. Le DH a un grand intérêt, mais il n’est pas une baguette magique : il reste un prisme parmi d’autres.
2 – Un écosystème aussi riche que dangereux
Internet a permis au Design Humain de se diffuser, mais aussi de s’égarer. Beaucoup de personnes, mal ou insuffisamment formées, affirment des choses incorrectes et se présentent comme “experts” ou “analystes” sans en avoir les compétences. Leur aplomb induit les débutants en erreur, incapables de discerner un véritable savoir d’un ego gonflé et d’une connaissance superficielle.
À l’autre extrême, certains radicaux brandissent un dogme rigide et n’hésitent pas à dénigrer ou censurer dès que ça s’écarte un peu de leur vérité — ou dès qu’on ose faire référence à d’autres systèmes que le DH. Ces postures radicales créent parfois un effet de leadership, impressionnant les débutants qui ne perçoivent pas à quel moment cela devient malsain (voir point 4).
C’est une jungle où l’on peut trouver le meilleur (comme évoqué dans l’article précédent)… et le pire.
3 – La tentation du bonbon mental
Beaucoup se laissent happer par une consommation gloutonne d’informations : lire, écouter, accumuler, comparer…
Mais à force de tout stocker dans la tête, on s’éloigne du corps, et de l’expérimentation dans la matière. On finit par s’enfermer dans un univers mental de mécanique théorique, toujours en quête de plus de données et d’absolu, au lieu de vivre l’essentiel : l’expérimentation et le contraste des expériences et des ressentis.
Car le Design Humain n’a de valeur que s’il est traduit dans le quotidien réel… et imparfait! Pas comme une théorie abstraite qu’on contemple de loin, mais comme un outil vivant qui se vérifie dans l’expérience.
4 – Du déconditionnement au re-conditionnement
Le Design Humain est un processus de déconditionnement, mais il peut aussi vite devenir… un nouveau conditionnement. Sans le réaliser, on finit par tout filtrer à travers ce système, jusqu’à s’enfermer dedans. Ce glissement s’installe subrepticement, à grands coups d’enthousiasme des débuts qui deviennent des empilements de certitudes, et un jour on réalise qu’on n’arrive plus à voir le monde autrement qu’à travers cette grille de lecture.
Ce moment est à la fois étrange, confrontant et libérateur. Certains choisissent d’arrêter complètement le DH après cette prise de conscience. D’autres s’en éloignent partiellement ou totalement, parfois avec rejet, avant d’y revenir plus tard avec un regard critique, détaché bien plus relax.
Ces trajectoires sont précieuses surtout quand il s’agit de personnes qui étaient “proéminentes” dans l’écosystème: elles montrent que le DH, comme tout système, peut devenir une prison si on s’y abandonne aveuglément. Et elles rappellent qu’un outil de conscience doit toujours rester… un outil, et jamais une croyance.
5 – Stratégie et autorité: l’excès de zèle tue votre expérience de la Vie
L’approche radicale où l’on s’abandonne totalement à “stratégie et autorité” peut vite devenir problématique, voire dangereuse. Certain·e·s n’osent plus bouger une oreille, persuadé·e·s que seul ce fonctionnement peut leur garantir sécurité, abondance ou réussite.
Pourtant, des expériences très positives peuvent survenir dans le “non-soi”, et des situations difficiles peuvent émerger en suivant sa stratégie. Le danger, c’est de croire que le DH serait un système de protection absolu. Ce n’est pas le cas : il n’offre aucune garantie, il éclaire simplement notre chemin.
J’ai même vu des personnes devenir SDF, et en être presque “fières”, car cela s’était produit “correctement” via leur stratégie et leur autorité. C’est là qu’on mesure à quel point le discernement est vital : on ne devrait jamais nier la réalité du plan matériel.
L’expérimentation inclut autant le fait de suivre S+A quand c’est possible que celui de ne pas les suivre, et de décider autrement. Le Design Humain est un outil de conscience et une grille de lecture pour débriefer son expérience, pas un dogme. L’équilibre est la seule voie durable.
6 – Le DH n’est pas un maître, et Ra était un humain faillible
Dans la continuité du point précédent : le Design Humain ne doit jamais devenir un dogme. Vivre en répétant “Ra a dit” ou “mon prof a dit” en s’interdisant d’agir ou de se faire sa propre idée parce que “ce n’est pas correct” ou ce n’est pas “source” est une caricature de l’expérimentation.
Le DH est un outil, pas un maître. Ra était un homme brillant mais imparfait, pas un prophète infaillible. Il avait la réputation d’être assez cassant, parfois franchement désagréable (un c****rd selon les mots de certains). Son “œuvre” est la synthèse d’une connaissance reçue, mais forcément passée par son filtre. Et oui, il lui est arrivé d’affirmer avec aplomb des choses scientifiquement fausses ou incomplètes.
Le système reste fascinant et puissant, mais il a ses failles. Il doit être abordé comme une grille de lecture, non comme une vérité absolue. Et ce discernement vaut pour Ra, comme pour tout enseignant ou formateur en DH.
7 – Les humains restent humains
Même dans l’écosystème du Design Humain, les dynamiques humaines ne disparaissent pas : jeux de pouvoir, jugements, comparaisons, attitudes de supériorité.
Il est facile de pointer du doigt les autres, mais beaucoup plus difficile de regarder ses propres zones d’ombre.
Rien de pire que d’accuser quelqu’un d’être “dans son non-soi” ou “à 7 centres” comme si c’était une insulte. Ce genre de posture ne fait que renforcer l’ego et l’évitement spirituel. Le DH ne supprime pas l’imperfection humaine : il met simplement en lumière nos mécaniques. Pour celles et ceux qui veulent que j’approfondisse ce sujet, j’ai enregistré une [vidéo YouTube dédiée] (lien à insérer).
C’est un rappel nécessaire : savoir lire un bodygraph et être très sachant en ne fait pas de nous des saints. Nous restons tous faillibles, avec nos travers et nos incohérences. C’est dans l’humilité et la responsabilité que le DH prend tout son sens.
8 – Le DH peut séparer: langage, années d’études, degrés de radicalité
Le Design Humain peut vite devenir un langage technique à part, presque ésotérique, qui crée une frontière entre “ceux qui savent” et les autres, ou entre différents niveaux de connaissance (années d’étude et expérimentation) et de degrés de pratique plus ou moins radicale.On tombe alors dans une logique élitiste : les “initiés” d’un côté, les “ignorants” de l’autre. Les “purs” et les “impurs”... Cela donne parfois une vibe de “sorciers” et de “moldus”, où certains jaugent selon son niveau de connaissance, de jargon, et sa radicalité d’expérimentation. Alors oui, l’expérience théorique et pratique font une différente. C’est la manière de présenter les choses qui va tout changer.
C’est un vrai risque : au lieu d’ouvrir, le DH peut isoler. Plus qu’une communauté, on glisse vers une hiérarchie implicite, et ce n’est pas le but. Le DH devrait rester un outil de conscience, pas une carte d’appartenance. Ce n’est pas parce qu’on maîtrise le jargon qu’on est plus aligné, plus éveillé, ou plus “dans le soi”.
9 – Se cacher derrière son design
La tentation est grande d’utiliser son design comme excuse : “Je suis comme ça, ce n’est pas ma faute, c’est parce que j’ai telle porte / tel canal.”
Mais le Design Humain ne donne pas un pass gratuit pour être désagréable, irrespectueux ou irresponsable. Assumer ses comportements reste indispensable.
C’est aussi pour cela que j’apprécie les Clés Génétiques : elles nous obligent à voir les ombres de chaque porte (clés), pas seulement leurs dons. Elles rappellent que chaque configuration comporte des potentiels lumineux et des travers à reconnaître. Cela en fait un outil complémentaire précieux pour la responsabilisation, là où le DH seul peut être utilisé de façon trop complaisante.
10 – Le risque de se couper du monde
Le Design Humain, via la compréhension des mécanismes de conditionnement, peut renforcer l’agacement face à un monde effectivement saturé de conditionnements, et “homogénéisé”. Mais le danger, c’est de basculer en opposition permanente : se sentir séparé, incapable de fonctionner dans la société telle qu’elle est.
Rejeter le monde ne sert pas la conscience. Ce qui compte, c’est apprendre à le naviguer. Oui, cela implique de la lucidité, parfois de la douleur, et le choix de se préserver de certaines influences. Mais vivre en réaction constante, en opposition frontale, finit par isoler.
Le véritable enjeu est donc de trouver l’équilibre : se protéger là où c’est nécessaire, sans s’enfermer. Pour pouvoir rester en lien, garder le cœur ouvert, et traverser ce monde avec discernement plutôt qu’avec rejet.
Conclusion
Après dix ans, ce qui me frappe, c’est que le Design Humain est à la fois un outil merveilleux d’éclairage et un terrain miné de dérives possibles. Les deux coexistent, et c’est pour cela qu’il mérite d’être abordé avec lucidité, discernement et beaucoup de patience.
Dans mon article précédent, j’ai partagé dix leçons positives et précieuses, qui montrent à quel point le DH peut soutenir la connaissance de soi, la responsabilité et la gestion de l’énergie. Ici, j’ai voulu mettre en lumière les écueils et dérives que j’ai observés, parce que les ignorer serait naïf, voire dangereux.
À mes yeux, c’est en tenant ces deux polarités — la richesse et les limites, la magie et les travers — que l’on peut continuer à cheminer sainement avec cet outil.
Il n’est ni une vérité absolue, ni une illusion à balayer. C’est une grille de lecture : elle peut enrichir profondément notre conscience, mais elle ne doit jamais se substituer à notre expérience vivante, à notre libre arbitre, ni aux autres accompagnements utiles selon les situations.
C’est ce regard sans fard, ce que personne ne vous dit souvent, que je partagerai aussi en live très bientôt. Parce que célébrer dix ans de DH, ce n’est pas seulement honorer ce qu’il m’a apporté : c’est aussi transmettre un regard mature, réaliste et utile pour celles et ceux qui veulent l’explorer à leur tour.